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Le Loup des mers

puis me tendit un gobelet fumant, en me disant :

— Buvez… Ça vous fera du bien.

C’était du café pour matelots, c’est-à-dire une mixture nauséabonde. Mais sa chaleur me revivifia. Entre deux gorgées, j’abaissai mes yeux vers ma poitrine tout écorchée, qui continuait à saigner, et m’adressant au Scandinave :

— Yonson, lui dis-je, je vous remercie de vos bons soins. Mais vous avez, reconnaissez-le, des remèdes plutôt héroïques.

Ému du ton de reproche qui était dans ma voix, Yonson me tendit la paume de sa main en guise d’excuse. Elle était étonnamment calleuse. Je passai la mienne sur ses rugosités, qui avaient la dureté de la corne, et j’eus la chair de poule, au seul contact de cette terrible râpe.

— Je m’appelle Johnson, et non Yonson… observa l’homme.

Il s’exprimait en bon anglais, quoiqu’un peu lentement et avec un imperceptible accent.

Dans ses yeux d’un bleu pâle, très doux, je lus une muette protestation contre mes reproches que je regrettais. C’était, au demeurant, un personnage sympathique, et la franche simplicité de sa réponse m’avait immédiatement conquis.

Je lui tendis la main et corrigeai :

— Merci, Johnson.

Il parut un peu embarrassé, hésita un instant, en se balançant d’une jambe sur l’autre. Puis,