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LE LOUP DES MERS

stoïquement tout le charcutage dont ils étaient l’objet, sans le secours d’aucune anesthésie, et avec, comme seul remontant, un gobelet de whisky pur.

Puis, au cours du quart de quatre heures, nouveau tumulte, qui eut lieu au poste d’avant.

Il fut provoqué, une fois de plus, par les bavardages et racontars, qui avaient eu pour effet la dénonciation de Thomas Mugridge et la raclée administrée à Johnson par Loup Larsen.

Du vacarme qu’on entendit, et à la vue des yeux pochés et des visages contusionnés qui s’exhibèrent par la suite, il fut facile de conclure que les matelots s’étaient, les uns les autres, copieusement étrillés.

La journée se termina enfin par une rixe entre Johansen et Latimer, le chasseur maigre, à l’allure de Yankee. Elle eut pour cause les observations que Latimer fit au second, sur les cris qu’il poussait pendant la nuit.

Ce fut Johansen qui eut le dessous et qui reçut une pile peu ordinaire. Mais sans résultat appréciable. La nuit suivante, alors qu’il dormait comme un bienheureux, il ne cessa en effet, jusqu’au matin, de revivre dans ses rêves son pugilat avec Latimer, et de le scander de cris perçants.

Je fus, quant à moi, oppressé de mille cauchemars. J’en avais vécu un, tout au long de cette horrible journée. La brutalité avait succédé à la brutalité. C’était à qui, autour de moi, s’était appliqué, froidement ou par emportement, sous les

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