Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE LOUP DES MERS

bord. Car cette affection avait toujours été inconnue de moi.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Hier, j’ai surpris Loup Larsen dans sa cabine, en train de feuilleter une Bible, dont un exemplaire avait été découvert dans la cantine de l’ancien second, après que son corps eut été jeté à la mer.

Je me demandais l’intérêt qu’il pouvait bien trouver dans le livre saint, lorsqu’il se mit à me lire, à haute voix, ce passage de l’Ecclésiaste :

« J’ai entassé l’argent et l’or, le revenu des rois et des provinces. J’ai possédé des chanteurs et des chanteuses, des coupes et des vases pour répandre le vin, et tous les délices des enfants des hommes.

J’ai surpassé, par mes richesses, tous ceux qui ont été avant moi à Jérusalem, et la sagesse a habité avec moi.

Alors je contemplai tous les travaux accomplis par mes mains, toutes les richesses que j’avais péniblement réunies. Et je vis que tout cela n’était que vanité et affliction de l’esprit, et qu’il n’y avait rien de stable sous le soleil…

Tout arrive également au juste et à l’impie, au bon et au méchant, au pur et à l’impur, à celui qui accomplit les sacrifices rituels comme à celui qui les dédaigne. L’innocent est traité, ici-bas, comme le coupable, le parjure comme celui qui respecte ses serments.

139