qui est devenu empereur de France. J’ai ébauché des rêves aussi grandioses que les siens. Mais la chance n’est pas venue. Les ronces seules, je vous dis, ont levé autour de moi et m’ont étouffé.
« Hump, vous le voyez, j’ai été confiant envers vous. Et je peux vous affirmer, sans crainte d’être démenti, que vous en savez maintenant plus long sur mon compte qu’aucun autre homme vivant, à part mon propre frère.
— Qui est ce frère ? Que fait-il et où vit-il ?
— C’est le dernier survivant, avec moi. Il commande, comme moi, à un bateau qui chasse les phoques, le Macédonia. Nous le rencontrerons sans doute sur la côte du Japon. Ses hommes l’appellent « Larsen-la-Mort ».
— Larsen-la-Mort ! m’écriai-je involontairement. Vous ressemble-t-il ?
— Oh ! d’assez loin. C’est un animal sans cerveau. Il a toute ma… ma…
— … brutalité, suggérai-je.
— Justement ! Merci d’avoir dit le mot. Il a toute ma brutalité, mais il sait à peine lire et écrire.
— Et il n’a jamais philosophé sur la vie, comme vous ?
— Jamais… Il n’en est que plus heureux, dans son existence solitaire ! Il ne songe pas à l’horreur de son sort… Mon tort, à moi, est d’avoir mis le nez dans les livres et d’y avoir appris à penser.