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échut à Hans, obligé de ramer sans relâche en quête de liquides.

Sur ces entrefaites arrivèrent Whisky Bob et Nicky-le-Grec. Ils n’étaient pas ivres, eux, et ils s’indignèrent de voir leur plan ainsi déjoué par des camarades en piraterie. Frank-le-Français, assisté de John Barleycorn, prôna hypocritement la cause de la vertu et de l’honnêteté ; bientôt, malgré ses cinquante ans, il provoqua Whisky Bob sur le sable et lui flanqua une raclée. Comme Nicky-le-Grec, armé d’une pelle à manche court, accourait à l’aide de Whisky Bob, Hans lui régla son compte en moins de deux. Et quand les carcasses ensanglantées de Bob et de Nicky furent arrimées dans leur canot, il va de soi qu’on arrosa ce dénouement par de nouvelles rasades.

Pendant ce temps les visiteurs avaient afflué, en un méli-mélo de nationalités et de tempéraments, tous stimulés par John Barleycorn, et libérés de la moindre retenue.

Les anciennes querelles, les haines à demi éteintes se ranimaient. Un vent de bataille soufflait dans l’air. Chaque fois qu’un caboteur se rappelait un ancien grief contre un matelot de goélette, ou vice versa, chaque fois qu’un pilleur d’huîtres ruminait en lui-même ou rallumait chez autrui une vieille rancune, un poing se tendait et donnait le signal d’une autre rixe. Toutes finissaient par une nouvelle tournée générale, et les combattants, soutenus et encouragés par la foule, s’embrassaient et se juraient une amitié éternelle.

Soup Kennedy choisit précisément cet instant pour venir reprendre une de ses vieilles chemises