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dont la constitution chimique réclame la boisson à cor et à cri, et les y mène irrésistiblement. La grande majorité des ivrognes naissent sans éprouver de penchant pour l’alcool et lui manifestent même une répugnance réelle. Le premier, le second, le vingtième verre, ni même le centième n’ont réussi à leur en inculquer le goût. Ils ont appris à boire, exactement comme on apprend à fumer (bien qu’il soit beaucoup plus aisé de se mettre à fumer qu’à boire) et tout cela parce que l’alcool est si facile à acheter. Les femmes, elles, savent bien de quoi il retourne : elles sont payées pour cela : épouses, sœurs et mères. Et le jour où elles voteront, ce sera en faveur de la prohibition. Ainsi la génération à venir n’en souffrira nullement ; n’ayant pas accès à l’alcool, et n’y étant pas prédisposée, elle n’en ressentira pas la privation. Il en résultera une virilité plus généreuse pour les jeunes gens et ceux qui sont en train de grandir — et une vitalité plus abondante aussi pour les jeunes filles appelées à partager leur vie.

— Pourquoi ne pas écrire tout cela pour la jeunesse qui vient ? demanda Charmian. Pourquoi ne pas indiquer ainsi aux épouses, sœurs et mères, la façon dont elles devront voter ?

— Les « Mémoires d’un Alcoolique » ! ricanai-je — ou plutôt ce fut John Barleycorn qui montra les dents, car il était assis avec moi à table et écoutait ma plaisante dissertation philosophique, et c’est un de ses tours favoris que de transformer sans prévenir son sourire en grimace.

— Non, dit Charmian, ignorant à dessein la