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bouquin, ordonnai-je à Johnny quand nous eûmes fini.

Et j’eus la satisfaction de voir une page blanche réservée à mon nom, puis une somme inscrite pour une tournée s’élevant à trente cents. Et j’entrevis, comme dans un nuage d’or, des jours à venir où cette page serait bien noircie, puis barrée et noircie de nouveau.

J’offris une deuxième tournée générale. Du coup, Johnny, à ma grande stupéfaction, se fit pardonner sa rasade à dix cents. De la bouteille derrière son comptoir il nous offrit à tous un verre. J’en conclus qu’il s’était fort bien acquitté arithmétiquement envers moi.

Quand nous fûmes dehors, l’Araignée suggéra :

— Si on allait faire un tour à la Maison de Saint Louis ?

Pat, qui avait déchargé du charbon toute la journée, regagna ses pénates, et le Peigne retourna à bord cuire le dîner.

L’Araignée et moi nous nous dirigeâmes vers la Maison de Saint Louis. C’était ma première visite. J’entrai dans une immense salle où étaient assemblés une cinquantaine d’hommes, pour la plupart des caboteurs. J’y rencontrai Soup Kennedy pour la deuxième fois, et Bill Kelley. Bientôt Smith, de l’Annie —  l’homme aux revolvers à la ceinture ! — entra indolemment. Nelson fit aussi son apparition. J’en vis d’autres encore, y compris les frères Vigy, patrons de l’établissement, et surtout Joe l’Oie, un type aux yeux mauvais, au nez tordu, vêtu d’un gilet à fleurs, qui jouait de l’harmonica comme un ange tapageur et larmoyait les sentimentalités les plus atroces que