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réglée par Nelson. À présent, en évoquant cette scène, je crois que j’avais piqué la curiosité de Nelson. Je suis sûr qu’il voulait savoir au juste à quel genre de gars il avait affaire, et combien de fois je le laisserais payer sans rendre ma tournée. Après une demi-douzaine de verres, j’estimai que cela me suffisait pour cette fois,) car je ne perdais pas de vue ma règle de tempérance. Je prétextai qu’il fallait me rendre à bord du Ratzle-Dazzle, amarré au quai de ïa Cité, à cent mètres de là.

Je pris congé de Nelson et descendis au quai. Mais John Barleycorn, jusqu’à concurrence de cinq verres, m’accompagnait. Le cerveau me fourmillait, en proie à une vive animation. J’étais soulevé par la sensation de ma virilité. Je me rendais, moi, authentique pilleur d’huîtres, à bord de mon propre bateau, après avoir trinqué à la Dernière Chance avec Nelson, le plus grand d’entre nous ! Dans ma tête persistait avec force la vision de nous deux appuyés contre le comptoir, à boire de la bière. Quel curieux caprice de tempérament ! Certains hommes trouvaient leur bonheur à dépenser leur argent pour offrir de la bière à un type comme moi qui n’aimais pas ça.

Tandis que je méditais là-dessus, je me souvins que plusieurs fois d’autres hommes, par deux, étaient entrés à la Dernière Chance et s’étaient invités réciproquement. Puis le jour de notre orgie sur l’Idler, Scotty, le harponneur et moi-même avions cherché au fond de nos poches les pièces de monnaie destinées à l’achat du whisky. Je songeai ensuite à notre code entre gamins : lorsqu’un copain offrait à un autre un « boulet de canon » ou un morceau de caramel, il comptait