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mais quel est le jeune gaillard qui ne donnerait son âme au diable pour participer à de pareilles aventures ?

Dans les cafés, je rencontrais des reporters, des rédacteurs, des avocats, des juges, dont le visage et le nom m’étaient familiers. Leur présence confirmait une approbation sociale, ils justifiaient cette fascination que les cafés exerçaient sur moi. Eux aussi devaient y découvrir ce quelque chose de différent, de lointain, que je sentais et cherchais à saisir. J’ignorais ce que c’était au juste, mais sûrement cela existait, car ici les hommes grouillaient comme des mouches bourdonnantes autour d’un pot de miel. Je n’avais aucun chagrin, le monde resplendissait à mes yeux : comment aurais-je pu concevoir que ces hommes venaient chercher l’oubli de leur surmenage et de leurs rancœurs ?

Je n’y venais pas pour boire en ce temps-là. De dix à quinze ans, j’ai rarement touché un verre d’alcool, mais j’avais constamment affaire avec des buveurs et dans les cabarets. La seule raison qui me retenait était mon dégoût pour les spiritueux. Au cours du temps, je fis divers métiers : j’aidai à décharger de la glace, je relevai les quilles dans un bowling attenant à une auberge, je balayai les salles et les pelouses, où les gens venaient le dimanche en pique-nique.

Josie Harper, une grosse femme réjouie, tenait un débit au coin de Telegraph Avenue et de la 39e Rue. Pendant une année je lui ai porté un journal du soir, jusqu’au jour où on me donna le secteur des quais et des quartiers de plaisir d’Oakland. Le premier mois, Josie Harper, en réglant sa note, me versa un verre de vin. Honteux