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ne m’avaient admis à me chauffer au coin des feux ou permis de consommer les divines nourritures rangées sur d’étroits rayons contre le mur. Je voyais leurs portes toujours closes, et celles des cafés toujours béantes. En tout temps et partout sur les grandes routes ou les chemins de traverse, dans les ruelles ou les carrefours mouvementés, je rencontrais des auberges joyeuses, resplendissantes de lumières, chaudes en hiver, sombres et fraîches en été. Oui, le bar était un endroit merveilleux, et quelque chose de mieux encore.

Lorsque j’eux dix ans, ma famille abandonna la campagne pour la ville. Là, je débutais dans la vie comme crieur de journaux. Une des raisons, c’est que nous avions besoin d’argent. Une autre, c’est que je voulais faire de l’exercice.

Mais je dois dire d’abord que j’avais découvert la bibliothèque publique et que je me plongeais dans la lecture jusqu’à complète prostration. Dans les pauvres fermes où j’avais vécu, les livres n’existaient pas. Par un pur miracle, on m’en avait prêté quatre, des ouvrages merveilleux, que j’avais dévorés. L’un était la biographie de Garfield ; le second traitait des voyages en Afrique de Paul du Chaillu ; le troisième était un roman de Ouida, où manquaient les quarante dernières pages ; le quatrième, les Contes de l’Alhambra, de Washington Irving. Ce dernier, je le tenais d’une institutrice. Je n’étais pas un gosse avancé. À l’inverse d’Olivier Twist, je me sentais incapable de réclamer plus que mon compte. Quand je lui rendis l’Alhambra, j’espérais qu’elle me prêterait un autre livre. Et comme elle ne m’en offrit point — sans aucun