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de nature à étonner les deux et à dérouter l’immensité. Il grimpe sur son fumier, et comme un enfant perdu dans l’ombre parmi les lutins, il atteste les dieux qu’il est leur frère cadet, prisonnier d’un instant, destiné à devenir aussi libre qu’eux ; eux, ces monuments d’égoïsme construits d’interjections et de superlatifs ; rêves et poussières de rêves qui s’évanouissent et cessent d’exister avec le rêveur lui-même.

« Ce n’est rien de nouveau, ces mensonges d’importance vitale que les hommes se transmettent en les marmottant comme des charmes et des incantations contre les puissances de la Nuit. Les sorciers, guérisseurs et exorcistes furent les ancêtres de la métaphysique. La Nuit et la Camarde étaient des ogres qui barraient là route à la lumière et à la vie. Et les métaphysiciens « voulaient en triompher même au prix de mensonges. Ils étaient tourmentés de cette loi d’airain formulée par l’Ecclésiaste, que les hommes meurent comme les bêtes des champs et que leur fin est la même. Leurs credo étaient les formules, leurs religions les philtres, leurs philosophies les ruses grâce auxquels ils espéraient à moitié duper la Camarde et la Nuit.

« Des feux follets, des vapeurs de mysticisme, des résonances psychiques, des orgies d’âme, des lamentations parmi les ombres, des fantastiques gnosticismes, des voiles et des tissus de mots, des radotages de subjectivisme, des tâtonnements et des divagations, des fantaisies ontologiques, des hallucinations pan-psychiques, des fantômes d’espoir, — voilà ce qui garnit les étagères de ta bibliothèque. Regarde-les, tous ces tristes spectres de désespérés, de rebelles passionnés — tes