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des éclairs à chaque page de ce document, pour disparaître avec la même rapidité. Et toujours il reste de la place à de nouveaux candidats pour s’inscrire sur ce sol persistant. Voici des noms d’hommes dont j’ai vaguement entendu parler sans les avoir jamais connus : Kohler et Frohling, qui bâtirent le grand cellier de pierre sur le vignoble appelé Tokay ; mais ils le construisirent sur une hauteur où les autres viticulteurs refusèrent de hisser leurs récoltes. Aussi Kohler et Frohling perdirent leur terrain. Le tremblement de terre de 1906 renversa le cellier, et c’est dans ses ruines que j’habite actuellement.

La Motte. Celui-là retourna la terre, planta des vignes et des vergers, entreprit une affaire de pisciculture, construisit une résidence dont le souvenir persiste aujourd’hui, mais, vaincu dans sa lutte avec le sol, il disparut. Sur l’emplacement de ses vergers, de ses vignobles, de sa belle maison et même de ses étangs à poisson, j’ai à mon tour inscrit mon nom en y plantant cinquante mille eucalyptus.

Cooper et Greenlaw. Sur ce qu’on appelle le ranch de la Colline, ils ont laissé deux de leurs morts, « la petite Lillie », et « le petit David », qui reposent dans un bout de terrain entouré d’une palissade. En outre, ils avaient défriché un morceau de forêt vierge, trois champs de quarante acres. J’y ai fait semer des haricots canadiens, et au printemps prochain, je ferai retourner la terre pour y enfouir les herbes.

Haska. Silhouette vague et légendaire de la précédente génération, qui se retira dans la montagne et défricha six acres de broussailles dans la petite vallée qui porte son nom. Il