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agissait plus rapidement à une moindre dose. Du bourbon ou du rye, ou des mélanges habilement vieillis, constituaient mon apéritif du matin. À la fin de l’après-midi je buvais du scotch avec de l’eau de Seltz.

Je commençais à perdre mon sommeil, jusqu’ici excellent. Quand par hasard je m’éveillais dans la nuit, j’avais coutume de prendre un livre pour m’endormir ; or à présent cela ne me réussissait plus. Au bout de deux ou trois heures de lecture, je n’avais plus du tout sommeil. Je recourus alors à l’alcool, et il me procura l’effet soporifique voulu. Mais parfois deux ou trois verres étaient nécessaires.

Il me restait alors si peu à dormir avant l’heure de mon lever que mon organisme n’avait donc pas le temps d’éliminer l’alcool absorbé. Je m’éveillais donc avec la bouche pâteuse et sèche, la tête un peu lourde, et j’éprouvais dans le ventre de légères palpitations nerveuses. Pour tout dire, je ne me sentais pas bien. Comme les gros buveurs, je souffrais des lendemains d’orgie. J’avais besoin d’un tonique, d’un fortifiant pour me remettre. Lorsque John Barleycorn a tué chez sa victime tout moyen de défense, c’est le moment de le voir à l’œuvre ! Il me fallut désormais un verre de whisky avant le petit déjeuner pour me donner de l’appétit. Une fois mordu par ce serpent venimeux, impossible de s’arrêter ! Puis je pris l’habitude d’avoir une cruche d’eau à mon chevet pour soulager mes membranes détériorées et fiévreuses.

À présent, mon corps était complètement imbibé d’alcool, et je veillais à ce que la drogue fût toujours à ma portée. Quand je partais pour