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lorsque je rentrais fatigué, je dormais six heures ; parfois même, après une journée de sports éreintants, je restai sept heures de suite dans mon lit.

Mais de telles orgies étaient plutôt rares. J’avais tant à apprendre et à accomplir que je m’en voulais quand je me réveillais après sept heures de sommeil, et je bénissais l’inventeur des réveille-matin.

Pas une fois je n’eus l’envie de boire. Je professais des opinions trop élevées et menais une vie trop vibrante. J’étais socialiste, mes efforts s’appliquaient à sauver le monde, et l’alcool ne pouvait pas m’inspirer autant d’ardeur que mon nouvel idéal. En raison de ma notoriété d’écrivain, ma voix était écoutée, du moins je le croyais. Quoi qu’il en soit, ma réputation d’auteur m’attirait des auditeurs que mes simples talents oratoires n’auraient jamais séduits. On m’invitait à prendre la parole dans des clubs et des organisations de toutes sortes. Je luttais pour la bonne cause, sans pour autant interrompre mes études et mes travaux littéraires.

Jusqu’alors le cercle de mes amis avait été très restreint. Maintenant je commençais à sortir. On me recevait surtout à dîner. Je liais connaissance avec un tas de gens dont la vie matérielle était beaucoup plus facile que la mienne ne l’avait jamais été. Et un grand nombre d’entre eux buvaient sans pour cela être des ivrognes. Ils le faisaient chez eux, avec modération, et m’invitaient à en faire autant, par un sentiment de camaraderie et un acte d’hospitalité auxquels je ne pouvais opposer de refus. Ça m’était complètement égal ; je n’en avais ni le désir ni le