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contradictoires à la Société Henry Clay, je fus reçu chez quelques-uns des membres, où je rencontrais de beaux brins de filles dont les jupes effleuraient le sol. Je m’attardai dans des petites sociétés intimes où nous discutions poésie, art et rhétorique. Je fréquentai la section socialiste où nous étudiions, pour les exposer en public, l’économie politique, la philosophie et la politique. Je me servais, pour sortir mes livres de la bibliothèque gratuite, d’une demi-douzaine de cartes de membres, ce qui me permettait d’absorber une somme considérable de connaissances supplémentaires.

Pendant dix-huit longs mois, je m’abstins complètement de boire. Je n’en avais ni les loisirs ni l’envie. Entre mes fonctions de portier et mes études, je ne perdais pas un moment, sauf les rares instants où je m’adonnais au jeu innocent des échecs. J’étais en train de découvrir un monde nouveau, et je l’explorais avec une telle passion que l’ancien monde de John Barleycorn ne m’offrait plus aucune tentation.

Et pourtant un beau jour j’allai voir Johnny Heinhold, au bar de la Dernière Chance, pour lui emprunter de l’argent. Je vais vous montrer ici même un nouvel aspect de John Barleycorn. Comme chacun le sait, les patrons de bistrots sont d’excellents garçons, beaucoup plus larges, en général, que les hommes d’affaires. J’avais un besoin urgent de dix dollars, et, désespéré, ne sachant plus à quelle porte frapper, je me rendis chez Johnny Heinhold.

Depuis plusieurs années déjà je ne fréquentais plus son établissement, et je n’avais pas dépensé un cent au comptoir. Lorsque je lui demandai