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Ce café ne faisait pas notre affaire. En sortant, nous regrettions amèrement d’avoir gaspillé une soirée et vingt cents pour de la bière que nous ne désirions pas.

Pendant plusieurs soirs, nous essayâmes divers établissements et enfin nos pas nous conduisirent au National, un bar qui se trouvait au coin de la 10e Rue et de la rue Franklin. Là, nous nous sentions mieux dans notre élément. Louis rencontra un ou deux types qu’il connaissait, moi, certains camarades d’école du temps où nous portions encore des culottes courtes. Nous causâmes d’autrefois. Qu’était devenu celui-ci ? puis celui-là ? tout en consommant, cela va sans dire. Ils nous invitèrent les premiers ; suivant l’étiquette du buveur, il nous fallut rendre leur politesse. Cela nous faisait mal au cœur, car la tournée coûtait de quarante à cinquante cents.

Au moment du départ, nous voyions la vie en rosé, mais en même temps nous étions complètement fauchés. Tout notre argent de poche pour la semaine avait fondu. Nous tombâmes d’accord : c’était pour nous la taverne rêvée, mais il fallait être plus prudents à l’avenir dans nos dépenses.

Nous dûmes nous en tenir là jusqu’à la fin de la semaine. Comme il ne nous restait même pas de quoi payer nos places en tramway, nous fûmes obligés de manquer un rendez-vous avec deux jeunes filles du quartier Ouest d’Oakland, que nous tentions de séduire. Elles devaient nous rencontrer le lendemain soir dans le quartier chic de la ville, et nous ne possédions pas l’argent nécessaire pour les ramener chez elles. Comme bien d’autres en proie aux difficultés