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voir se réaliser toutes mes lectures. Je mourais d’envie de mettre pied à terré.

Un Suédois, nommé Victor, un Norvégien, Axel, et moi, décidâmes de ne pas nous quitter. Notre promesse fut si bien tenue que jusqu’à la fin de la croisière on ne nous appela plus que les « Trois Loustics ».

Un jour, Victor nous fit remarquer un sentier qui disparaissait en haut dans un canon sauvage, émergeait sur une pente de lave escarpée et nue, se montrait et se cachait de nouveau, toujours plus haut, entre les palmiers et les fleurs.

Il nous proposa de gravir ce sentier, et nous acceptâmes. Nous découvririons un merveilleux paysage, d’étranges villages indigènes, et trouverions, au bout, Dieu sait quelles aventures.

Axel avait follement envie d’une partie de pêche. Nous fûmes également d’accord d’y aller tous les trois. Nous nous procurerions un sampan, deux ou trois pêcheurs japonais connaissant les meilleurs endroits, et nous passerions des heures inoubliables. Quant à moi, je ne demandais qu’à bien me divertir.

Nos plans tracés, nous gagnâmes la côte à force de rames en franchissant les bancs de corail, et tirâmes notre embarcation sur le sable madréporique.

Après avoir traversé la grève sous les cocotiers, nous montâmes à la petite ville pour y découvrir plusieurs centaines de matelots bruyants venus de toutes les parties du monde, qui se livraient à une prodigieuse orgie de boisson, de chant et de danse — tous dans la rue principale — au grand scandale d’une poignée de policiers japonais absolument impuissants.