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appelé aucun docteur. J’aurais très bien pu mourir là, car Nelson et les autres s’imaginaient simplement que je cuvais mon ivresse en dormant, et m’avaient abandonné dans un état comateux pendant dix-sept heures.

Bien des hommes, tous les médecins le savent, sont morts pour avoir absorbé rapidement un litre de whisky ou davantage. Il n’est pas rare qu’on lise le compte rendu de la fin de quelque grand buveur à la suite d’un pari de ce genre. Mais je l’ignorais alors, et je l’appris. C’est grâce à un heureux hasard, mais surtout à ma forte constitution, bien plus que par courage ou par prouesse, que je triomphai encore une fois de John Barleycorn. De nouveau, je venais d’échapper à un traquenard, de me tirer d’une fondrière, et d’acquérir à mes risques et périls une discrétion qui devait me permettre de boire judicieusement pendant bien des années encore.

Ciel ! Il y a vingt ans de cela, et je suis encore bien vivant. J’ai vu et fait bien des choses, j’ai beaucoup vécu dans cet intervalle de vingt années ; et je frissonne encore en pensant que j’ai frôlé la mort de si près ; il s’en est fallu de peu que cet excellent cinquième de siècle ne fût perdu pour moi. Ah, certes ! ce n’est pas la faute de John Barleycorn s’il ne m’a pas eu dans cette nuit mémorable de la Brigade des Pompiers d’Hancock.