Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/114

Cette page n’a pas encore été corrigée

politiciens locaux, ceux qui briguent des emplois, ont l’habitude de faire la tournée des cafés pour récolter des voix. On est installé a une table, le gosier sec, et on se demande qui va surgir pour vous payer un verre, ou s’il vous reste assez de crédit ailleurs pour y boire à l’œil et si cela vaut la peine de se déranger pour s’en assurer, quand tout à coup les portes de la salle où vous êtes s’ouvrent en grand pour livrer passage à une théorie de messieurs bien habillés, dont chacun ordinairement remplit bien sa place, et qui tous exhalent une atmosphère de prospérité et de camaraderie.

Ils distribuent des sourires et des saluts à toute la société — à vous qui n’avez même pas en poche le prix d’un verre de bière, au timide clochard caché dans le coin et qui n’a certainement pas le droit de voter, mais qui fait nombre pour le recensement des garnis. Lorsque ces politiciens pénètrent en faisant claquer les portes, avec leurs larges carrures et leurs généreuses panses qui les rendent forcément optimistes et maîtres de la vie, eh bien, vous vous rengorgez aussitôt. Après tout, la soirée sera pleine d’entrain, et il est certain qu’on se rincera au moins la dalle.

Et qui sait ? les dieux peuvent vous être propices, d’autres paieront peut-être la tournée, et la nuit se terminera en une glorieuse apothéose. Bientôt, aligné avec les autres au comptoir, vous sentez les boissons vous descendre à flots dans la gorge, et vous apprenez les noms de ces messieurs, ainsi que les places qu’ils veulent occuper. C’est au cours de cette tournée des politiciens dans les bars que j’enrichis mon éducation d’une arrière