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cabaret dans quelque obscur village d’Italie, d’un boui-boui dans un port, que ce soit au club, devant un verre de « Scotch and soda », c’est invariablement aux endroits où John Barleycorn noue les relations que j’entre tout de suite en contact avec les hommes et fais leur connaissance.

Et même si, dans l’avenir, John Barleycorn est banni, une nouvelle institution remplacera les bars. Il existera d’autres endroits où les hommes se réuniront pour lier connaissance.

Mais revenons à mon histoire.

Dès que j’eus tourné le dos à Bénicia ma nouvelle route me conduisit encore vers les tavernes. Je ne m’étais formulé aucune théorie morale contre la boisson, et j’en détestais plus que jamais le goût. Mais une défiance respectueuse naissait en moi pour John Barleycorn. Je ne pouvais oublier le tour qu’il m’avait joué — à moi qui n’éprouvais aucune envie de mourir. Je continuai donc à boire, mais j’ouvris l’œil sur lui, résolu à repousser, dans l’avenir, toute suggestion de suicide.

Dans les villes inconnues, je me liais immédiatement avec les clients des comptoirs. Lorsque je vagabondais et que je ne possédais pas de quoi m’offrir un lit, le bar était l’unique endroit où l’on me recevait et m’offrait une chaise près du feu. Là je pouvais entrer pour me débarbouiller, me brosser et me peigner. Les cafés étaient toujours si commodes. Ils pullulaient littéralement dans mon pays de l’Ouest.

Je n’aurais pu pénétrer avec cette désinvolture dans les habitations d’étrangers. Leurs portes restaient closes, et il n’y avait pas de place pour