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Et le patron se tourne vers un client, assis à une table ou appuyé au comptoir un peu plus loin ; il peut s’appeler Jerry aussi bien que Tom ou Bill :

— Dis donc, Jerry, qu’est-ce que tu penses de la route de la Tarwater ? Tu l’as prise pour descendre jusqu’à Wilkins la semaine dernière.

Et tandis que Bill, Jerry ou Tom, se met à ouvrir les volets de son appareil mental et verbal, je l’invite à prendre quelque chose avec nous.

Puis des discussions s élèvent quant au choix de cette route-ci plutôt que de celle-là, sur les meilleures auberges, le temps que je pourrai rouler en voiture, l’endroit où se trouvent les plus savoureuses truites de rivière, etc., etc. ; d’autres clients interviennent, et chaque avis est ponctué par une nouvelle consommation.

Deux ou trois visites à d’autres bars, me voilà émoustillé à point en même temps que renseigné sur tous les habitants de la localité ou à peu près. Je possède ma ville en détail, et en gros une bonne partie des environs. Je connais les avocats, les directeurs de journaux, les hommes d’affaires, les politiciens du pays, les fermiers de passage, les chasseurs et mineurs, en sorte que le soir, lorsque Charmian et moi nous faisons un tour dans la grand-rue, elle reste stupéfaite devant le nombre de mes amis dans cette ville totalement étrangère.

Je viens de démontrer un des services que peut rendre John Barleycorn et par lesquels il accroît son pouvoir sur les hommes. Dans le monde entier, partout où j’ai porté mes pas, pendant toutes ces années, il en a été de même. Qu’il s’agisse d’un café au Quartier Latin, d’un