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Je quittai donc Bénicia, où John Barleycorn avait failli me posséder, et je parcourus un champ plus vaste à la poursuite de cette voix qui m’appelait du fond de la vie.

Tous les chemins que je suivais étaient détrempés d’alcool. Partout les hommes continuaient à s’assembler dans les bars. C’étaient les clubs du pauvre, les seuls lieux où j’avais accès. Là je pouvais nouer des connaissances, entrer et lier conversation avec l’un ou l’autre. Dans les villes ou villages inconnus où je vagabondais, je n’avais nul autre refuge : je cessais d’être un étranger dès que j’en avais franchi le seuil.

Ici, permettez-moi une digression, pour vous narrer des faits qui ne datent que de l’année dernière. Un jour, j’attelai quatre chevaux à une petite voiture, j’emmenai ma femme Charmian, et nous partîmes tous deux pour un voyage de trois mois et demi à travers les régions montagneuses