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ché, et que j’ai voté pour l’égalité des suffrages. J’ai voté pour que les femmes puissent voter, sachant que les épouses et les mères de la race voteront la mort de John Barleycorn et sa relégation aux limbes de l’histoire, où sont toutes les coutumes de la sauvagerie disparue. Et, si l’on trouve que je crie comme un écorché, qu’on veuille bien se souvenir que j’ai été effectivement fort malmené et qu’il me répugne de penser que quelqu’un de nos fils ou de nos filles, à vous ou à moi, puisse être traité de la même façon.

Les femmes sont les vraies conservatrices de la race. Les hommes en sont les enfants prodigues, aventuriers et joueurs, et, en fin de compte, c’est par leurs femmes qu’ils sont sauvés. L’une des premières expériences chimiques de l’homme a été la fabrication de l’alcool et, de génération en génération, jusqu’à ce jour, l’homme a continué à fabriquer et à absorber cette drogue. Et il ne s’est pas écoulé un seul jour où les femmes n’aient déploré cette habitude de l’homme, bien qu’elles n’aient jamais eu le pouvoir de traduire leur ressentiment en action. Du jour où les femmes auront le droit de vote dans la communauté, la première chose qu’elles feront sera de fermer les bars, ce que les hommes ne feraient pas d’eux-mêmes d’ici un millier de générations : autant vaudrait s’attendre à ce que les victimes de la morphine présentent une loi pour en prohiber la vente.

Les femmes savent à quoi s’en tenir. Les habitudes alcooliques de l’homme les ont soumises à un lourd tribut de sueurs et de larmes. Toujours sur le qui-vive pour défendre la race, elles légiféreront au bénéfice des petits-fils de leurs enfants encore à naître ; et dans l’intérêt de leurs