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LA BRUTE DES CAVERNES

vaincre de mon entière ignorance sur les questions que je lui posai. Il me traita de « bébé des bois[1] ». Et, de fait, il ne se trompait pas, car j’ai été élevé dans les bois, et je ne connais pour ainsi dire rien de la vie.

« Eh bien, le bonhomme éclaira ma religion sur le ring, encore plus pourri, paraît-il, que vous le croyez. Tout ce qui y touche de près comme de loin est corrompu. Les fonctionnaires municipaux qui délivrent des permis reçoivent des pots-de-vin des organisateurs de combats ; les promoters, les managers et les boxeurs eux-mêmes s’entendent comme larrons en foire pour duper le public.

« Les révélations du vieux m’ont absolument suffoqué. Et dire que depuis des années j’ai trempé moi-même dans ces combines sans en connaître le premier mot ! C’est exact : j’ai été innocent comme un bébé des bois.

« Hélas ! je comprends un peu trop tard pourquoi ils se sont joués si facilement de moi. Grâce à ma constitution exceptionnelle et à mon entraînement spécial, j’étais à même, dès le début, de venir à bout de n’importe quel adversaire, mais on me fit toujours battre pour les besoins de la cause.

« Vous pensez bien que Stubener, le premier

  1. Se dit des gens simples, qu’on peut tromper facilement ; cette expression provient de la légendaire ballade anglaise Babes in the woods, de Percy.