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LA BRUTE DES CAVERNES

l’idée s’était répandue que le jeune Glendon venait enfin de trouver son maître.

Cependant, en son for intérieur, Powers savait pertinemment qu’il avait affaire à forte partie. Maintes fois, dans les rapides corps à corps, il avait encaissé certains coups dont la faiblesse était délibérément voulue, et il n’en était pas dupe.

Plus d’une fois aussi, Glendon s’était rendu compte qu’une faute ou une erreur de jugement auraient pu l’exposer aux coups de massue de son antagoniste et lui faire perdre la victoire. Mais doué de l’instinct miraculeux du temps et de la distance, Pat ne laissa pas ébranler sa confiance par les nombreuses alertes qu’il dut subir dans la suite.

Jamais il n’avait perdu un match, jamais personne ne l’avait mis knock-out et il avait témoigné jusqu’alors d’une telle maîtrise sur ses adversaires que pareille éventualité lui paraissait inadmissible.

À la fin de la quinzième reprise, les deux hommes se trouvaient encore en excellente forme, bien que Powers respirât avec certaine difficulté. Plusieurs spectateurs assis près du ring pariaient déjà qu’il « claquerait ».

Quelques secondes avant que le gong annonçât le seizième round, Stubener, se penchant vers Glendon derrière son coin, lui glissa dans l’oreille :

— Vas-tu l’avoir maintenant ?

Glendon hocha légèrement la tête et considéra