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LA BRUTE DES CAVERNES

Il avait, un jour, ainsi reçu un doigt flétri, desséché par le soleil, et qui avait été coupé, disait la notice qui l’accompagnait, sur le cadavre d’un homme blanc trouvé dans la Vallée de la Mort. Et, mieux encore, un cuir à rasoir, fait de la peau d’un nègre lynché.

Depuis lors, Sam Stubener savait d’avance que rien de ce que lui apporterait le facteur ne saurait plus l’étonner.

De toutes les lettres décachetées ce matin-là, une seule retint sérieusement son attention. Car, l’ayant lue, il la relut une seconde fois. Puis il la mit dans sa poche et l’en tira cinq minutes après, pour une tierce lecture.

La lettre en question portait le cachet postal d’un village inconnu du Comté de Siskiyou. Elle était ainsi conçue :

« Cher Sam,

« Tu ne me connais évidemment que de réputation. Car tu es plus jeune que moi et voilà longtemps que j’ai abandonné le ring.

« Ne crois pas, cependant, que dans ma retraite je me sois totalement endormi, sans plus songer désormais à ce qui se passait en ce bas monde.

« C’est ainsi que je t’ai suivi depuis le jour où, pour tes débuts, Kal Aufman t’a mis knock-out, jusqu’à l’époque où tu t’es fait manager. Excellent manager, tout ce qu’il y a de mieux en l’espèce, chacun le proclame.