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LA BRUTE DES CAVERNES

nous dire que ce round final était connu la veille, qu’as-tu à répondre là-dessus, Sam ?

— Comment veux-tu que je t’explique pourquoi un homme tire un bon numéro à la loterie ? répliqua évasivement le manager en se creusant la cervelle pour essayer d’y dénicher des arguments plus convaincants.

« Voici, d’ordinaire, comment la chose se produit : à force d’étudier les méthodes, le tempérament des boxeurs, les qualités des seconds, certains amateurs finissent par déterminer le nombre de rounds, comme d’autres prévoient les chevaux gagnants aux courses.

« Mais n’oubliez pas ceci : pour un homme qui gagne, il y a un perdant qui s’est trompé dans ses calculs. Mademoiselle Sangster, je vous le jure sur mon honneur, le chiqué et la tricherie… n’existent pas dans la boxe.

— Quelle est votre opinion, monsieur Glendon ? demanda-t-elle.

— La même que la mienne, s’empressa d’ajouter Stubener. Il sait que mes paroles expriment la pure vérité. Jamais lui-même n’a livré de combat qui ne fût loyal. N’est-ce pas vrai, Pat ?

— Oui, c’est vrai, affirma Pat.

Chose étrange, Maud Sangster fut convaincue qu’il était sincère.

Elle se passa la main sur son front pour chasser le mauvais soupçon qui, tout à l’heure, avait assombri son cerveau comme d’un nuage.