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LA BRUTE DES CAVERNES

Ces données ne passionnaient guère Maud Sangster, qui ne tarda pas à manifester son ennui. Ses yeux tombèrent par hasard sur les Sonnets de Shakespeare. Prenant le livre, elle jeta un coup d’œil interrogateur à Stubener,

— Il appartient à Pat, expliqua-t-il. Il raffole de toutes ces balivernes, photographie en couleurs, salons de peinture et tout ce qui touche l’art en général. Mais, pour l’amour de Dieu, n’en soufflez pas un mot dans votre article. Cela suffirait pour ruiner sa réputation.

Elle lança à Glendon un regard étonné qui le mit mal à l’aise. Mais au fond elle trouvait délicieux que ce jeune athlète, au corps de géant, un des rois des cogneurs, s’intéressât à la poésie, à la peinture et à la photographie en couleurs.

Sa timidité même était due non à la stupidité, mais à une extrême sensibilité. Les Sonnets de Shakespeare dans les mains de ce boxeur ! Quel sensationnel sujet d’enquête ! Elle se disposait à l’interroger, mais Stubener lui en enleva l’occasion en débitant de nouveau ses sempiternelles statistiques.

Après la découverte du livre des « Sonnets », l’attraction qu’il avait exercée sur Maud Sangster la troubla de nouveau. La stature magnifique de Pat, son visage régulier, ses lèvres pures, ses yeux au regard clair, son front large et découvert, l’impression de santé physique et morale qui se dégageait de toute sa personne, tout cela attirait la