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LA BRUTE DES CAVERNES

D’après ce que partout on écrivait de lui, ce type étrange ne pouvait être qu’un monstre stupide, quelque animal de la jungle, morose et brutal, qui n’avait pour lui que sa force incomparable.

Les portraits de Pat, qui se voyaient aux vitrines, montraient, en revanche, un visage poupin, qui n’annonçait rien de féroce, bien au contraire. Mais les muscles énormes du torse et des bras répondaient à cette réputation de sauvage bestialité.

Au fond de ces bizarres contradictions, qu’y avait-il exactement ? Voilà ce qu’il était intéressant de tirer au clair.

Accompagnée d’un photographe du Courrier-Journal, Maud Sangster se rendit donc au quartier d’entraînement de Cliff-House, à l’heure indiquée par Stubener.

Pat était enfoncé dans un fauteuil, l’une de ses grandes jambes pendantes sur un des bras du siège. Il tenait d’une main les Sonnets de Shakespeare, retournés sur son genou, et fulminait contre les mœurs inconvenantes des femmes d’aujourd’hui.

L’instant était mal choisi et, lorsque Stubener lui annonça l’arrivée de Maud Sangster, il s’irrita violemment.

— De quoi, demanda-t-il, cette pécore vient-elle se mêler ? Voilà maintenant que les femmes s’occupent de la boxe et des boxeurs. Les hommes