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LA BRUTE DES CAVERNES

— Tu devrais, au contraire, observa Pat, être heureux de trouver en moi un homme capable d’assister à une conférence littéraire, le soir même où il se bat.

« Père disait toujours que les heures immédiates qui précèdent une rencontre sont, pour un champion, les plus pénibles à passer.

« L’attente dans le vide est nocive au suprême degré. En se tournant les pouces, on use ses forces et son courage.

— Va, mon garçon. Peut-être as-tu raison.

Et tandis que, ce soir-là, Pat jouait consciencieusement ses quinze rounds, Stubener se demandait, amusé, ce que pourrait bien penser cette salle de sportsmen si on lui apprenait que le jeune et magnifique champion, qui la faisait palpiter, sortait tout chaud d’une conférence sur Browning.

Le Hollandais Volant était renommé pour son ardeur dans la lutte. Sans se lasser jamais, il prenait toujours l’offensive.

Infatigable, il balançait et faisait tournoyer ses bras comme des fléaux, sautait et bondissait de droite et de gauche autour de son adversaire, qu’il enveloppait, en quelque sorte, d’une fusillade ininterrompue de ses poings.

D’où le sobriquet qui lui avait été donné.

Plus encore qu’avec Sosso, Pat éprouvait quelque difficulté à se garer et à retenir ses propres coups.