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LA BRUTE DES CAVERNES

« L’homme que tu as devant les yeux n’est pas un forain qui soulève des poids sur les places publiques. Ce n’est pas davantage un amateur qui a pratiqué, pour s’amuser, les exercices variés du « Sandow ».

« Ses muscles sont, au repos, pareils à de gros serpents paresseusement endormis. Mais, l’instant venu, ils se tendent, que c’en est étourdissant.

« Le petit est bon pour quarante rounds, pour cinquante, pour cent ! Mets bas tes vêtements et renseigne-toi par toi-même, si le cœur t’en dit.

C’est ce que fit Sam Stubener. Le jeune Pat et lui enfilèrent une paire de gants.

— Vas-y doucement, mon garçon, conseilla Pat à son fils. Sam n’est plus l’homme qu’il a été autrefois.

Piqué au vif, Stubener donna, dans la lutte, tout ce dont il était capable et usa de ses tours les plus réputés. Vainement, d’ailleurs. Car le jeune Pat, l’air rêveur comme s’il était absorbé dans la contemplation du paysage, les parait et les déjouait tous.

— C’est d’inspiration chez lui, commentait le vieux Pat. Sur ce chapitre, je n’ai rien à lui apprendre. Il devine sans le voir le coup qui vient. Il estime d’instinct sa vitesse et sa force. C’est dans sa nature.

Quand il ripostait, le jeune Pat, en revanche, n’y allait pas de main morte.

Dans un corps à corps, Sam Stubener lui ap-