Stubener se sentit quelque peu désappointé par cette réponse. Puis il réfléchit qu’il s’agissait là d’une chasse à l’oie sauvage et qu’il n’y avait lieu, de prime abord, de se décourager.
La colère du vieux Pat tonna, en effet, et sa voix se fit dure et impérieuse :
— Tu iras à San-Francisco, mon garçon ! Et dans d’autres villes également. Ce n’est pas pour rien que j’ai fait de toi un boxeur. Tu obéiras.
— Bon… répliqua le jeune Pat, d’une voix indifférente, qui roula sourdement dans sa vaste poitrine.
— Et tu te battras comme un diable !
— Bon… Quand partons-nous ?
— Attends un peu. Il faut auparavant que Sam sache exactement ce que tu vaux.
Le manager approuva de la tête.
— Dépouille-toi donc et enfile tes gants.
Incontinent, le jeune Pat se déshabilla et Sam Stubener fut comme médusé par le spécimen superbe d’humanité qu’il avait devant les yeux.
— Regarde, roucoulait le vieux Pat, si ce garçon est bien bâti. Admire-moi la souplesse générale du corps, la courbe harmonieuse des épaules et la puissance du thorax.
« Plus que quiconque, tu es un excellent juge, toi, un ancien poids lourd, qui s’y connaît dans le métier.
« Et pas l’ombre d’une tare ! Pas une déformation d’aucun membre ! Pas un muscle noué !