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LA BRUTE DES CAVERNES

qui n’est visible qu’une fois tous les mille ans.

Frottant ses yeux lourds de sommeil, Sam Stubener se dirigea vers la porte ouverte, comme arrivait justement, devant la cabane, un jeune géant qui tenait d’une main un fusil et portait, jeté sur ses épaules comme un fardeau léger, un énorme daim.

Le nouveau venu était grossièrement vêtu d’un pantalon de toile blanche et d’une chemise de laine ouverte à la gorge. Il n’avait pas de veste et ses pieds étaient chaussés de mocassins.

Souple et féline, sa démarche ne paraissait nullement se ressentir des deux cent vingt livres qu’il pesait, auxquelles s’ajoutait le poids du daim.

L’impression qu’éprouva le manager fut immédiate et incomparable.

Le jeune homme était évidemment formidable. Mais quelque chose de plus se trahissait en lui. C’était un être exceptionnel, une créature du désert, un personnage hors cours au xxe siècle, sorti, de pied en cap, de quelque vieux conte de fées.

Ce dont Stubener ne tarda pas non plus à s’apercevoir, c’est que le jeune Pat n’était pas bavard.

Son père les ayant tous deux présentés l’un à l’autre, le jeune homme tendit la main au manager sans mot dire. Puis il se mit, non moins silencieusement, à préparer le déjeuner.