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CHASSÉ-CROISÉ

Jim, le visage contracté par la souffrance, prépara, entre deux spasmes, une deuxième tasse. Mais, à la seconde précise où il allait boire, une convulsion plus violente le saisit et il culbuta par terre, le nez dans l’eau jaune et dans les débris de la tasse brisée. À ce grotesque spectacle. Matt éclata d’un rire farouche, que coupa net une crise aiguë, qui lui secoua tout le corps.

— Ça va, ça va bien, dit-il. Le vomitif opère.

Et, s’étant levé, il alla pencher sa tête sur l’évier. Mais, contrairement à ce qu’il pensait, la moutarde n’opérait pas et, pour aider à son action il s’enfonça l’index dans le gosier.

Jim, cependant, la figure toute maculée de taches jaunâtres, continuait à se rouler par terre, dans une mousseuse et dégoûtante écume.

Il se frottait les yeux avec les mains, et poussait des gémissements lamentables.

— Non, mais, as-tu bientôt fini ? éructa Matt. Tu me portes sur les nerfs. Tu demandais où l’on va, après la mort ? Tu le sauras dans quelques instants. Ton compte est réglé !

— Je ne… gémis pas… balbutia Jim. C’est la moutarde… qui me pique le nez… et j’en ai aussi dans les yeux.

Il se redressa, pour frapper l’air de ses bras tremblants et retomba, terrassé, dans une ultime convulsion.

Chez Matt, plus résistant, la vie luttait encore.

De l’évier, il était parvenu à rejoindre sa chaise,