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CHASSÉ-CROISÉ

— Arrête, bon Dieu ! Où veux-tu aller ?

— Chez le premier pharmacien venu… répondit Jim, en haletant. Je cours chez le pharmacien.

— Pas de ça, imbécile ! Tu ne sortiras pas d’ici.

— Matt, mon bon Matt, je t’en supplie…

— Non, non ! Te mettre à courir dans la rue, avec la bobine que tu as, et prendre un pharmacien pour confident, avec tout ce qu’il y a ici, sous le traversin ! En voilà une idée !

« Tu serais bientôt coffré et prié sans aménité, par la police, de t’expliquer plus clairement. Sauvé peut-être, d’un côté, tu serais, d’un autre, sûrement perdu.

« Ce qu’il nous faut à tous les deux, puisque je suis dans le même cas que toi, c’est tout bonnement un vomitif. Le pharmacien ne te donnerait pas autre chose.

Matt, comme il eût fait d’une loque, rejeta Jim dans la chambre.

Puis il se dirigea vers l’étagère, tout en essuyant la sueur qui lui perlait du front, à grosses gouttes, et tombait, comme une grêle, sur le plancher. Il s’empara d’un pot de moutarde et délaya, dans une tasse, avec de l’eau prise à l’évier, la crème jaunâtre qu’il en avait tirée. Puis il but le tout.

Jim, titubant, l’avait rejoint et, de ses mains tremblantes, tenta de saisir tasse et moutarde.

— Patience ! ordonna Matt. Avec un coffre comme le mien, crois-tu qu’une tasse puisse me