Page:London - La brute des cavernes, trad Gruyer et Postif, 1934.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
218
LA BRUTE DES CAVERNES

ment, se tendaient et se détendaient, se nouant par moments et le meurtrissant tout entier, de leur sauvage étreinte. Mais, pendant ce temps, le visage de Matt avait changé, lui aussi, et l’expression de ses yeux devenait anormale.

Matt ne souriait plus et suivait visiblement le même chemin sur lequel Jim l’avait précédé. Il écoutait à son tour, avec un intense effort, en essayant de le comprendre, le même message intérieur qu’avait, tout à l’heure, entendu Jim.

Matt se leva brusquement, traversa la chambre, puis revint s’asseoir en face de Jim,

— Tu m’as empoisonné… dit-il calmement.

Jim balbutia :

— N’as-tu pas fait la même chose avec moi ?

— Tout juste ! Et que m’as-tu servi ?

— De la strychnine.

— Moi pareillement.

« Pour une bonne farce, c’en est une ! conclut Matt, dont les dents se serraient et dont tremblait maintenant le corps robuste.

Jim s’était mis à pleurer.

— Non, n’est-ce pas, mon cher Matt, tu n’as pas fait cela ? Tu blagues, n’est-ce pas ?

— Pourquoi mentirais-je ? C’est comme je l’ai dit. J’ai proprement introduit, dans ta moitié de bifteck, la dose nécessaire.

Jim avait fait un bond vers la porte et s’apprêtait à l’ouvrir.

Matt s’élança vers lui et le repoussa violemment.