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CHASSÉ-CROISÉ

générale s’opérer dans sa chair. Tous ses muscles, par instants, se contractaient.

Tout à coup, il se renversa sur une chaise. Puis, non moins soudainement, il se rejeta en avant, les bras étendus vers la table. Une sorte de tremblement, à peine perceptible, courait au plus profond de son être. On eût dit le premier frémissement des feuilles avant le déchaînement de l’ouragan.

Jim, pour se maîtriser, serra les dents. Mais ses muscles, qui entraient en révolution, ne lui obéissaient plus. Ils étaient la proie anarchique d’une panique folle, qui lui faisait courir des frissons tout le long du dos, des frissons qui le tenaient du sommet du crâne à la plante des pieds. La sueur commençait, aussi, à lui perler le front.

Il jeta tout autour de lui, sur la chambre, un regard scrutateur, à la perception duquel aucun détail n’échappait. Il lui semblait revenir d’un long voyage et chaque objet, qu’il reconnaissait, l’intéressait prodigieusement. Puis il scruta de même le visage de son associé, qui était assis tranquillement en face de lui, de l’autre côté de la table. Et il vit que Matt l’observait aussi, en souriant.

Une incommensurable horreur se saisit de Jim.

— Bon Dieu, Matt ! s’écria-t-il. M’aurais-tu donc empoisonné ?

Matt ne répondit point et continua à sourire.

Une nouvelle crise, plus violente que la précédente, s’empara de Jim. Ses muscles, alternative-