— Alors… interrogea-t-il avec une joie satanique, car il savait bien que l’homme qui était devant lui n’avait plus longtemps à vivre.
« Alors… Qu’adviendra-t-il de nous, selon toi, après la mort ?
Matt ricana :
— Ce qu’il en advient ? As-tu jamais rencontré, dans le ranch, un bœuf qui a crevé là ? Il en sera de toi, Jim, exactement la même chose. Plus rien à tirer de ta carcasse. Pas même un bon bifteck, comme celui-ci.
Et Matt vida, d’un trait, sa tasse de café.
Puis demanda :
— Serait-ce, Jim, que tu as peur de mourir ?
Jim secoua la tête, tout en clignant de l’œil vers Matt.
— Avoir peur de la mort ? dit-il. Mais pas du tout ! Car, contrairement à toi, je pense que nous ne mourons que pour ressusciter ailleurs.
— Et continuer à voler, à mentir et à pleurnicher, comme tu fais du matin au soir ? Et cela durant toute l’éternité ?
— Oh ! je n’en sais rien. Il n’est pas prouvé que, dans l’existence future, il soit, pour vivre, nécessaire de tuer et de voler.
« Peut-être, toi comme moi, y deviendrons-nous d’honnêtes gens.
— C’est bon, c’est bon ! glapit Matt, d’un ton moqueur. Laisse-nous tranquilles avec la mort.