Page:London - La brute des cavernes, trad Gruyer et Postif, 1934.djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
LA BRUTE DES CAVERNES

mange vite, pendant que c’est chaud. Fais comme moi !

— Épatante, cette viande ! déclara Jim. sitôt la première bouchée.

« Mais ce que je puis t’affirmer, dès aujourd’hui, c’est que jamais je n’irai te rendre visite dans ta ferme de l’Arizona.

« Inutile de m’inviter, je t’en préviens !

— Qu’est-ce que tu me chantes-là ?

— Je chante, je chante… que la cuisine mexicaine ne vaut rien, décidément, à mon tempérament délicat. Avec tes damnés piments, tu me fiches le feu dans les boyaux.

« Si je dois jamais, dans l’autre vie, faire connaissance un jour avec l’enfer, ce sera alors bien assez tôt.

Jim expira fortement, puis aspira de même, pour se rafraîchir la bouche d’air pur, but une gorgée de café et se reprit à déguster son bifteck, tout en observant, à part lui, que Matt n’avait pas encore touché à sa tasse.

— À propos, demanda-t-il après quelques bouchées, que penses-tu, Matt, de l’autre vie ?

— L’autre vie, répondit la brute épaisse, qu’est-ce que c’est que ça ? Ça n’existe seulement pas. Il n’y a pas plus d’enfer que de ciel !

« Tout ce que tu as à vivre, tu l’auras, quand tu mourras, vécu en cette vie.

Ayant ainsi parlé, Matt, à la grande satisfaction de Jim, commença à boire son café.