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CHASSÉ-CROISÉ

passants, sans que personne me regardât seulement, ni ne parût rien deviner.

Matt parut agacé de cette philosophie sentimentale. Il émit, pour toute réponse, un beuglement mal articulé.

— As-tu acheté, demanda-t-il plus prosaïquement, un bon bifteck ?

— Sûrement que oui. Une merveille ! Un pouce d’épaisseur… Regarde-moi ça.

Il déballa sa viande et la soumit à l’inspection de Matt, qui approuva.

Puis il s’occupa du café et mit le couvert, tandis que Matt faisait cuire le bifteck.

— N’abuse pas, dit Jim, dans l’assaisonnement, des piments rouges. Ta cuisine à la mexicaine m’emporte le gosier ! Tout doux, je t’en prie.

Matt grogna derechef et continua son opération.

Derrière son dos, Jim remplit de café deux tasses de porcelaine et dans l’une d’elles, qui était légèrement fêlée, il vida, s’étant penché en avant, une poudre blanche, qu’il avait tiré d’une poche intérieure de son gilet et qu’enveloppait un petit carré de papier de riz.

Matt, s’étant retourné une minute après, déplia sur la table un journal et y posa la poêle toute chaude.

Armé d’un couteau, il partagea le bifteck en deux morceaux, dont il mit l’un dans son assiette, dont il servit l’autre à Jim.

— Allons ! dit-il en brandissant sa fourchette,