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LA BRUTE DES CAVERNES

« Si tu songes, à part toi, à me rouler, il t’en cuira. Je te boufferai tout cru. C’est bien compris ? Oui, je te planterai mes dents, dans la gorge, et je te mangerai, comme un bifteck.

Sous l’afflux du sang, sa face brunie par le soleil devint noire, tandis que le hargne des lèvres découvrait des dents jaunies par le tabac.

Jim se mit à trembler comme la feuille. L’homme qu’il avait devant lui, et qui le menaçait, avait, la nuit précédente, sans paraître s’en porter plus mal, tué, de ses propres mains, un autre homme.

Il était prudent, évidemment, de se garder. Et les mauvaises pensées qui, de plus en plus, se pressaient sous le front de Jim augmentaient encore son tremblement.

Dès que Matt fut sorti, une haine inexprimable lui contracta la face et il proféra tout bas, vers la porte, de sauvages malédictions.

Puis, comme pris d’un soupçon subit, il courut vers le traversin, tâtonna dessous et s’assura que le divin paquet était toujours à sa place. Matt ne l’avait pas emporté !

Il respira plus profondément, avec un rictus bizarre, qui certainement signifiait bien des choses obscures, et s’en revint vers le réchaud à pétrole, qu’il alluma prestement. Ayant, ensuite, rempli la bouilloire au robinet d’eau de l’évier, il la posa sur la flamme.

Le café était prêt, lorsque Matt rentra. Matt