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LA BRUTE DES CAVERNES

« Les femmes ont causé la ruine de plus d’un boxeur. Mais cela ne sera pas son cas.

« Le petit rougit jusqu’aux oreilles s’il croise sur un chemin quelque jeunesse en jupons qui tant soit peu le regarde. Et toutes n’ont d’yeux que pour lui.

« Son seul amour est le combat. Alors, bon Dieu ! s’il fait marcher ses poings ! Quel enthousiasme bout en lui !

« Mais ne crois pas qu’il s’emballe et perde la tête. Jamais, dans mon meilleur temps, je ne fus, sur le ring, aussi calme que lui. J’y mettais trop de feu, je m’en rends compte aujourd’hui. Et toutes mes déveines, j’en suis persuadé, proviennent de là.

« Mais le gamin est, dans le même moment, froid et brûlant. C’est un ressort qui se détend dans de la glace. »

Stubener s’était assoupi. Afin de le réveiller, le vieux le tira par le bras. Et vaguement il entendit :

— De mon fils, vois-tu, mon cher Sam, j’ai fait un homme, dans toute la force du terme. Un homme avec des poings, deux jambes bien droites et un clair coup d’œil.

« Non seulement je lui ai enseigné ma façon de me battre, mais je me suis, à son intention, tenu au courant du jeu moderne.

« Le crouch ? Il en connaît à fond le mécanisme et ne se déplacera pas de deux pouces