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LA BRUTE DES CAVERNES

Il y avait, dans sa voix, un léger tremblement.

— Et que feras-tu de l’argent qui te revient ? reprit-il.

— J’achèterai une ferme, dans l’Arizona. Oui, une belle ferme, dans le ranch, avec de vastes terrains à mettre en valeur.

« Et je paierai, à mon tour, d’autres hommes qui travailleront pour moi.

« Il y a bon nombre de coquins qui m’ont solidement exploité, et que j’aimerais à voir, tombés dans la dèche, me demander de les embaucher. J’aurais plaisir à les envoyer au diable !

« Mais ce n’est pas encore le quart d’heure de choisir ou d’acheter ma ferme… Bonsoir, Jim. Et clos ton bec ! J’ai grand sommeil et vais dormir.

Jim n’avait, quant à lui, aucune envie de dormir et il demeura longtemps éveillé, nerveux et agité.

Dès qu’il s’assoupissait un peu, il virait sur lui-même et se réveillait complètement. Les diamants fulguraient sans trêve, sous ses paupières closes, et les incendiaient de l’éclat de leurs feux.

Matt, en dépit de sa lourde nature, ne dormait, lui aussi, que d’un léger sommeil, comme un animal des bois qui demeure alerté dans son repos même.

Mais il feignait de reposer profondément. Puis, se retournant tout à coup, il faisait comprendre à son compagnon qu’il ne perdait point conscience de la réalité.