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CHASSÉ-CROISÉ

nêtes gens, ou prétendus tels, autant de bandits que parmi ceux qu’il est convenu, dans la société, de nommer ainsi.

« Il suffit de lire les journaux pour en être convaincu. Deux hommes qui s’associent n’ont le plus souvent qu’une idée, se poignarder mutuellement dans le dos.

Une lueur étrange, mal dissimulée, passa, à ces mots, dans les yeux nerveux de Jim.

Si bien que Matt interrogea, d’un air détaché :

— À quoi penses-tu donc, camarade ?

Le visage de Jim se crispa légèrement et c’est avec une sorte d’embarras qu’il répondit :

— Je pensais à tous ces diamants réunis dans cette maison… Mais pourquoi, toi-même, me poses-tu cette question ?

— Oh ! pour rien… Pour dire quelque chose.

Et le silence retomba, que, de temps à autre, coupait seulement un ricanement bas, échappé à Jim.

Ce n’était pas la beauté intrinsèque, et vraiment fantastique, de ce tas de perles et de brillants qui le fascinait. Il n’en comprenait pas la réelle splendeur.

Mais son imagination éperdue courait, à leur suite, après les joies immenses de la vie qu’ils allaient sous peu lui procurer, à tous les appétits de son estomac famélique, à tous les désirs inassouvis de sa pauvre chair, qui, grâce à eux, recevraient satisfaction.