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CHASSÉ-CROISÉ

Le collier fut jeté sur les brillants et il y eut, entre les deux hommes, un long silence.

Jim se remit ensuite à jouer avec la masse éblouissante qu’il faisait, entre ses phalanges, ruisseler en cascades, tantôt triant les brillants et les étalant à plat, tantôt les remêlant ensemble.

C’était un homme maigriot et chétif, anémique et rongé par ses nerfs, le type même de l’enfant du ruisseau. De petits yeux vrillés, dans un visage sans beauté, à la bouche fiévreusement tordue, qui semblait toujours crier famine. Dans son ensemble, l’aspect cruel d’un chat errant, exaspéré par la souffrance et tout pelé. Un dégénéré, du dernier degré.

Matt, au contraire, ne jouait pas avec les brillants. Il s’était assis, ses coudes sur la table et le menton dans les mains.

Il différait, en tous points, de son compagnon, et n’était pas né dans une ville.

C’était un enfant de la nature, aux muscles épais et couverts de poils. L’apparence et la force d’un gorille.

Pas une trace de rêve ne luisait dans ses yeux ronds, écarquillés et hardis, qui pourtant ne semblaient pas méchants, au premier abord. Mais, en les observant avec plus de soin, ils apparaissaient