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CHASSÉ-CROISÉ

Un grognement fut la réponse.

— Le diable t’emporte ! éclata Jim. C’est la croix et la bannière, pour te tirer les vers du nez.

« Allons, parle ! Ce n’est pas moi, parbleu, qui m’en irai te dénoncer. Raconte l’affaire à ton ami.

— Je l’ai étranglé… Et pour de bon, je crois. Je n’ai pas pu faire autrement. Il s’est éveillé pendant que j’opérais, et m’a surpris. Alors, dame !

— Tu as, en tout cas, fait proprement ton travail. On n’a, du dehors, rien entendu. Pourquoi as-tu cet air lugubre ?

— C’est un coup, tu le sais comme moi, répondit Matt d’un ton grave, qui peut me valoir la potence.

« Et pourtant, si je l’ai tué, c’est, je le répète, que je n’ai pas pu agir autrement. Il s’est réveillé au mauvais moment.

« Ce sont là, pour nous, les risques du métier. Il y a des cas où l’on est réduit à tuer.

Jim émit un susurrement bas, pour exprimer qu’il avait compris.

Puis, soudain :

— Moi aussi, pour ma part, j’ai bien travaillé. Tu m’as, de là-haut, entendu tout à l’heure siffler à deux reprises, n’est-ce pas ?

— Parfaitement ! La première fois, je venais de terminer. J’allais justement partir. Qu’y avait-il ?

— Un flic, que j’avais aperçu. Mais il ne venait pas de notre côté. Il ne s’est douté de rien.