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CHASSÉ-CROISÉ

Tel un rôdeur inquiet, au pas indécis, l’homme suivit la rue jusqu’à son extrémité et, arrivé au carrefour qu’elle formait avec une voie transversale, observa sournoisement autour de lui.

Mais il ne vit rien que les oasis de lumière, dessinées, au-dessous d’eux, par les becs électriques installés là.

Alors il revint sur ses pas, dans la demi-obscurité de la rue.

Il allait comme une ombre ténue, le long des maisons, dans un glissement silencieux, sans geste inutile. Mais alerte aussi, dans son indécision même, tel qu’une bête sauvage de la jungle, l’oreille et le cerveau tendus à l’extrême, aux aguets du moindre bruit, les yeux à l’affût de toute forme étrangère.

Seul, un fantôme encore plus immatériel aurait pu échapper à sa perception.

Celle-ci était à ce point subtile et intérieurement aiguë qu’en frôlant une maison, il eut, sans qu’aucun indice apparent l’eût renseigné, la no-