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LA BRUTE DES CAVERNES

Tout le monde, sur le pont, fit cercle autour de lui. Il était à la fois un objet de curiosité et d’horreur. Des vêtements qu’il avait sur le corps, quand il quitta les rapides du Cheval Blanc, quelques haillons seulement restaient. Et lui-même n’était pas moins lamentable. Cinquante-cinq heures durant, il avait physiquement fourni tout ce dont il était capable. Il avait, au total, dormi six heures et il avait perdu vingt livres de son poids. Sa figure, ses mains, son corps entier, n’étaient qu’écorchures et meurtrissures, et il était aux trois quarts aveugle.

Il tenta de se remettre debout, sans y réussir. Écrasé sur le pont et toujours cramponné à son sac, il balbutia le motif de son raid, puis conclut :

— Et maintenant, mettez-moi au lit, je vous prie… Je mangerai quand j’aurai dormi.

Fred Churchill fut traité avec grand honneur. Le capitaine ordonna qu’il fût, y compris le sac de Bondell, transporté avec ses loques et sa saleté dans la cabine réservée aux nouveaux mariés, qui était la plus belle et la plus confortable du navire. Il y dormit d’affilée, deux fois le tour du cadran.

À son réveil, il prit un bain et, entièrement retapé, rasé de frais, il était accoudé au bastingage de l’Athénien, en train de fumer un cigare, lorsque les deux cents camarades qu’il avait laissés en arrière le rejoignirent et embarquèrent.