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LA BRUTE DES CAVERNES

ne demandes qu’à dormir. Tu le verras, mon garçon. Et quand tu l’auras vu, tu me donneras ton avis.

Mais comme tous les vieillards, le vieux Pat était terriblement loquace. Au bout d’une minute, il reprit de plus belle :

— Il est capable, sais-tu ? d’attraper un daim à la course. La vie de chasseur est, pour les poumons, un entraînement merveilleux.

« Là se borne son éducation, je l’avoue. Ouoiqu’il ait lu quelques livres et qu’il ait un penchant marqué pour la poésie, il y a chez lui, sur ce point, un vieil atavisme irlandais. La chose est indéniable.

« Parfois, quand je le vois rêvasser au crépuscule, je m’imagine qu’il croit aux fées et aux fantômes et autres boniments du même tonneau.

« La vue d’une prairie verte, d’un bouquet de pins derrière lequel émerge la lune, du lever ou du coucher du soleil, qu’il contemple, au souffle de la brise, du haut de la Montagne Chauve, tout cela le transporte de joie.

« Certaines nuits, à la lueur des étoiles, il déclame, sur Lucifer ou la Nuit, des vers qu’il a appris dans un volume que lui a prêté l’institutrice aux cheveux rouges.

« Il a aussi le goût du dessin et il est toujours prêt à crayonner, sur un morceau de papier, ce qu’il voit devant lui.