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LA BRUTE DES CAVERNES

du sac et déclara qu’il préférait le tenir devant lui, sur sa selle. Mais, comme il tombait de sommeil, il croyait à tout instant que le sac allait lui échapper. Et de fait, celui-ci ne cessait de glisser d’un côté ou de l’autre.

Lorsque la nuit fut venue, la mule que chevauchait Fred Churchill mit en contact son cavalier avec une grosse branche de sapin, qui dépassait sur le sentier. Fred en eut la joue toute fendue. Comble de malheur, la mule, peu après, fit un faux pas et s’abattit, envoyant l’homme et le sac rouler sur les rochers. Après quoi, Fred Churchill résolut d’aller à pied, en tenant la bête par la bride et en trébuchant avec elle dans les roches et les cailloux roulants.

La piste rude que suivait la petite caravane était envahie d’une infecte puanteur car, de chaque côté, gisaient tous les cadavres de chevaux tombés et crevés dans la course vers l’or. Mais Churchill n’y prêtait guère attention. Une seule pensée l’obsédait : ne point dormir. Il réussit à se tenir éveillé et, en passant près du lac Profond, il se décida à confier à Burns le sac de Louis Bondell. À la faible lueur des étoiles, il ne cessait de surveiller Jack Burns et ne le quittait pas des yeux. Il importait, avant tout, que rien n’arrivât à ce sac.

Au lac du Cratère, on se sépara et Fred Churchill, chargeant le sac sur son dos, continua seul à gravir les pentes supérieures du Chilcoot. Le sentier